« C’est l’histoire de Miglos, un village accroché au cœur de l’Ariège. C’est aussi celle de d’Isabelle Hosdain Collet. Il y a 17 ans, une jeune femme au caractère bien trempé remonte ses manches, donnant un second souffle au hameau endormi. Bien des coups de pinceau et de marteau plus tard, naît Gitamiglos : 7 maisons dispersées dans le village, 55 places, des gîtes à la montagne dans les Pyrénées et chambres d’hôtes de charme, où l’on retrouve un peu partout la patte d’Isa. Le tout, au sein d’un territoire riche de sens et de sensations.
Les valisent s’étalent sur les lits de la Buissonnière. Dans ce gîte, les chambres sont dressées comme les échoppes de marchands, sous un voile de fleur. Poussant une porte d’enfant, on débarque sur une terrasse installée sous les toits. La vue s’étend sur le hameau d’Arquizat, le cœur de Miglos. Isabelle ne s’est pas trompée ! Dans son hôtel à la montagne, « les couloirs des chambres sont bien les rues du village ». Aux quatre coins du hameau, des gîtes pointent le bout de leur nez, arborant des noms énigmatiques : la P’tite Mouline, La Grange aux secrets, La Ciboulette… Nous retrouvons Isabelle, le maître d’ouvrage de ces gîtes hors normes, cachées sous sa collection de vieux chapeaux et bien protégée par ses deux énormes bouviers somnolents. Direction le jardin. Au bord de la piscine, quelques habitants sommeillent eux aussi…
Les molosses sortent des bras de Morphée, reniflant la menthe et le colza, en jouant au beau milieu des jeunes pousses de cacahuètes. Le jardin d’Isa est une véritable caverne d’Ali Baba. Passionnée, elle ne s’est pas contentée de creuser des terrasses jusqu’à la rivière, elle plante aussi des légumes et des fleurs rares ou comestibles, en cherchant avant tout à bonifier les couleurs, les odeurs et les saveurs.
Partie de rien
Pourtant rien ne prédisposait cette fille de bonne famille belge francophone à s’installer au cœur des montagnes ariégeoises pour y retourner la terre et le ciel. À 20 ans, alors qu’elle étudie l’ergothérapie, Isabelle change de cap, part en France et devient monitrice de voile dans la Meuse avec l’UCPA. Un mariage et deux jumeaux plus tard, Isa quitte son lac pour suivre son mari, muté par l’ONF dans les Pyrénées, en Ariège plus précisément. C’est la découverte d’un territoire, d’un nouveau mode de vie et surtout d’un nouveau monde. C’est aussi le temps des années sombres ! En 1993, Isabelle a 30 ans et se retrouve veuve avec ses 3 enfants, Matthieu, Clément et Anaïs. « J’ai suivi un stage de création d’entreprise à la Chambre de commerce, j’avais un projet. Je voulais ouvrir un hôtel à la montagne… », raconte Isa en ouvrant le petit poulailler en forme de chalet alpin, fabriqué par une bande de scouts belges en vacances par ici. Simone, Belphégor et Chicken Run pointent le bout de leur crête autour des hamacs suspendus sous les arbres.
Une histoire sans fin
« Au début, pas grand monde ne me prenait au sérieux, poursuit Isabelle, sauf un banquier ! Il m’a accordé un prêt pour acheter la première maison ! ». Seule et appuyée par ses enfants, Isabelle refait tout, répare tout, monte des cloisons, crée des étages, peint, décore, redécore, arrange. Un gîte est né. Et les premiers clients sont là. « J’en aurais pleuré de joie » se souvient-elle. Ensuite, pour la soutenir, ses parents lui offrent La Major, une grosse bâtisse inhabitée depuis 40 ans. Et les travaux se poursuivent d’année en année. Les fidèles reviennent, Isabelle réinvestit, achète, améliore. Les clients reviennent, conquis par cet accueil simple et tellement chaleureux, par cette déco originale, où chaque espace est un petit bijou d’idées et de goût. Et des idées, Isa n’en manque pas ! Elle récupère des portes forgées et du vieux bois, elle monte des mezzanines comme des proues de caravelles. Partout elle apporte cette touche qui est la sienne, une fresque sur un mur, un message au-dessus d’un lit, une salle de bain tout en symétrie…
Terre d'asile
Mais Isa ne s’arrête pas là. Elle continue à chiner et à tout refaire. Petite, elle rêvait des Beaux-Arts. Qu’à cela ne tienne ! Elle a fait de Gitamiglos sa galerie. Mieux encore : Isabelle est devenue plus Ariégeoise que les Ariégeois. À son arrivée, pourtant, elle se rappelle d’une adaptation plutôt difficile… Mais en 2009, toute l’équipe de tournage du film No Pasaran, une farce « made in Sud Ouest », investit Gitamiglos. Isabelle en profite pour faire embaucher des personnes du cru. « Depuis, les gens d’ici ont changé la vision qu’ils avaient de moi ». Baptême du feu réussi ! Et comme rien ne résiste plus à Isabelle, on raconte même qu’elle profiterait du mois de septembre pour convoler en justes noces… à Gitamiglos naturellement !